Introduction
70 % de la population malawienne âgée de 15 à 29 ans ne sont pas employés par des organisations formelles (Chamley, 2013). La forte dépendance à l’égard du secteur informel pour employer la majorité des jeunes au Malawi démontre la volatilité de l’économie nationale et le besoin désespéré d’emplois durables. Cependant, en raison d’un gouvernement instable et d’une économie étroite, le Malawi ne dispose pas de l’ossature financière et gouvernementale nécessaire pour soutenir une éducation accessible et abordable pour sa population. Par conséquent, les résidents ont développé de nombreuses compétences employables par des moyens informels.
La prédominance du système informel d’éducation explique le développement des réseaux des vendeurs de rue et des entreprises sans permis au Malawi. Étant donné que la majorité de la population ne peut être certifiée par le système éducatif formel, la mise en place d’un cadre de reconnaissance différent s’avère nécessaire.
Histoire
Le Malawi est situé dans le sud-est de l’Afrique. Cette région a été témoin de diverses vagues de tribus migrantes à partir du IIIè siècle. À la fin du XVè siècle, ces tribus ont construit de grandes villes-États pour consolider leur pouvoir et établir des relations commerciales avec d’autres territoires. Le Malawi a également connu un afflux considérable d’immigrants au cours de cette période. Les groupes swahili et Yao ont fui les persécutions dans le Nord et, bien qu’ils soient minoritaires, ils se sont consolidés en tant que classe dirigeante au Malawi. L’islam s’est répandu au Malawi par le biais du commerce et le christianisme s’est répandu grâce aux missionnaires écossais (Mitchell, 2019). Cette grande diversité culturelle doit être prise en considération pour comprendre son atmosphère politique après l’indépendance.
En 1891, l’Empire britannique a pris le contrôle du Malawi en établissant le protectorat des districts de Nyasaland, puis l’a combiné avec le protectorat rhodésien pour former la Fédération de Rhodésie et du Nyasaland malgré l’opposition farouche de la population. Cette opposition a formé une résistance organisée pour enfin obtenir l’indépendance de la domination coloniale le 6 juillet 1964 (Mitchell, 2019).
Le soulèvement d’une puissance coloniale oppressive a laissé les résidents du Malawi confrontés à son paysage social fragmenté. Des siècles d’immigration dans la région par de nombreux groupes ont conduit à une population diversifiée avec de nombreux intérêts différents. Les relations entre les différentes factions ont provoqué des niveaux élevés de corruption et d’instabilité politique. De nombreuses élections ont été frauduleuses et ont entraîné de fréquentes chutes du gouvernement. Dans un tel environnement, la structure gouvernementale n’a pas été en mesure d’accorder l’attention nécessaire à l’éducation et à l’infrastructure, laissant de larges pans de la population autosuffisante. Cette autosuffisance a entraîné l’essor du secteur informel.
Économie
Un tiers du PIB du Malawi provient de l’agriculture. Bien que la plupart des agriculteurs pratiquent l’agriculture de subsistance, la majorité des profits proviennent de cultures de rente telles que le tabac et le maïs (Export, 2019).
Le PIB par habitant du Malawi est de 389,40 dollars, ce qui classe ses résidents parmi les plus pauvres au monde (Banque mondiale, 2011). En mettant l’accent sur l’agriculture, le Malawi doit importer tous les autres produits essentiels, ce qui le rend extrêmement vulnérable aux crises d’approvisionnement. Son gouvernement instable et les scandales électoraux fréquents ont provoqué peu de soutien et de subventions étrangères, aggravant ainsi le déficit budgétaire déjà important de la nation (Banque mondiale, 2018). L’ampleur de la dette nationale et le taux d’inflation entravent la capacité du gouvernement à construire une infrastructure éducative solide et dissuadent les entreprises d’investir pour créer des emplois formels. Cette combinaison conduit à peu d’opportunités d’emploi. L’écosystème économique du Malawi appelle à l’auto-développement des compétences et à l’autoéducation qui culminent dans le secteur informel massif.
Éducation
Seuls 15,93 % de la population âgée de 25 ans et plus ont achevé leurs études secondaires (« Éducation au Malawi, Afrique – Informations générales »). Cela est dû à une combinaison vicieuse de manque d’accès et d’abordabilité. Le Gouvernement malawien ne dispense pas d’enseignement secondaire gratuit, ce qui empêche une grande partie de la population pauvre d’accéder à l’éducation. Les troubles politiques au sein du gouvernement et ses déficits budgétaires énormes empêchent le gouvernement de construire un nombre suffisant d’écoles et un système de transport adéquat, ce qui signifie que les immenses distances que les élèves doivent parcourir chaque jour constituent un obstacle physique immédiat à une éducation durable.
Le défaut d’accès et de moyens financiers réduit la possibilité d’achever les études secondaires et d’obtenir un diplôme officiel. Cet obstacle contraint la majorité de la population à se tourner vers le secteur informel.
Le système actuel de diplomation formelle
Le système actuel de certification de la fin des études secondaires au Malawi est Le Certificat d’études du Malawi (MSCE) (« Education in Malawi, Africa – Informations Générales »). Les élèves obtiennent ce diplôme au terme d’une série d’examens sur un éventail de sujets. La configuration même de ce processus travaille à saper la capacité d’un élève à obtenir un diplôme.
Les élèves sont tenus de passer les épreuves d’’anglais et de mathématiques. Cependant, l’anglais n’est pas la première langue de la majorité de la population. La population du Malawi parle de nombreuses langues tribales, ce qui reflète la grande diversité de sa population. De son indépendance jusqu’à 1994, la langue Chewa a été désignée comme langue officielle. En 1996, une loi a prescrit l’enseignement en anglais pour les élèves de 5e année et plus, bien qu’il n’ait pas été compris par un cinquième de la population.
En outre, une matière comme les mathématiques nécessite une assiduité au cours et de fréquents exercices pour être maîtrisée. Toutefois, en raison des distances à parcourir mentionnées ci-dessus et des niveaux élevés de pauvreté que les élèves endurent, il est difficile d’atteindre le taux de présence et de pratique nécessaire pour exceller dans la matière. Par conséquent, les matières que le MSCE exige pour l’obtention du diplôme sont inappropriées et défavorables au regard du contexte de la vie des étudiants et des conditions dans lesquelles ils sont éduqués.
En outre, de nombreuses écoles ne disposent pas de laboratoires scientifiques dans lesquels les élèves peuvent pratiquer leur programme de sciences physiques. Dans le district de Nkhata Bay, par exemple, seules 9 écoles sur 37 sont dotées d’un laboratoire, dont 4 seulement sont fonctionnelles, et sur ces dernières, seulement 2 sont des centres d’examen. Malgré le manque criard d’infrastructures pour soutenir le programme de sciences, le MSCE exige que les candidats qui recherchent des emplois dans le domaine des sciences, qui constituent une grande partie du secteur formel, réussissent leurs examens de laboratoire.
La structure même du système MSCE semble compromettre la capacité des élèves à obtenir un diplôme de fin d’études. Étant donné que la grande majorité de la population n’a pas les moyens d’accéder à une formation universitaire, le MSCE est le principal processus de diplomation formelle au Malawi. Mais, comme ce processus sonde les faiblesses économiques et infrastructurelles du système éducatif, il empêche les candidats compétents d’entrer dans le secteur formel et ouvre la porte à l’économie informelle. Il est donc nécessaire de réviser un modèle applicable et pertinent d’officialisation du secteur informel.
Solution
La première possibilité de réforme concerne le système MSCE. Étant donné que les élèves sont confrontés à une grande barrière linguistique pour réussir leurs examens, les examens oraux en langue vernaculaire peuvent être effectués à la place des examens écrits habituels en anglais. Cela garantira une évaluation plus précise et complète des capacités d’un élève. Les organismes à but non lucratif et les PME peuvent employer des personnes instruites pour servir d’évaluateurs et de traducteurs entre les différentes langues dans le cadre d’un contrat avec le gouvernement. Les PME peuvent également fournir un service semblable aux entreprises en menant des entretiens dans la langue vernaculaire et en offrant une formation linguistique à la demande de l’entreprise. Ces mesures permettront de lever l’obstacle linguistique au secteur formel.
La deuxième possibilité de réforme porte sur l’alignement des procédures de formalisation sur la plus grande industrie du Malawi : l’agriculture. Étant donné que l’agriculture emploie une grande partie du secteur informel par le biais de petites exploitations effectuant des pratiques de subsistance, il semblerait approprié d’investir dans l’officialisation de l’industrie proéminente plutôt que d’encourager les individus à être employés ailleurs.
Il existe de nombreuses opportunités d’investissement dans l’agro-transformation et les infrastructures agricoles. L’agro-transformation consiste à transformer des produits agricoles en biens commerciaux. Les PME pourraient investir dans la production de textiles, de vêtements et de bioplastiques à partir de produits agricoles. De tels projets encourageraient l’emploi formel massif dans l’industrie agricole, qui elle-même ne nécessite pas des niveaux élevés de connaissances académiques pour réussir, mais seulement de l’expérience. Par conséquent, les PME doivent prendre en considération non pas le niveau académique du candidat, mais plutôt son expérience et son succès dans le domaine pour trouver des employés compétents.
En outre, les PME peuvent également fabriquer et vendre du matériel d’irrigation aux agriculteurs pour les aider à passer de l’agriculture de subsistance à des entreprises agricoles rentables. Cela améliorera la situation économique de l’agriculteur et l’encouragera, ainsi que les membres de sa famille, à rechercher des possibilités d’emploi formelles.
Conclusion
L’officialisation du secteur informel ouvre de nombreuses possibilités d’investissement pour les PME. Les entreprises sociales jouent un rôle crucial dans la dynamisation de l’écosystème économique des pays en développement tels que le Malawi. Elles forment un lien symbiotique entre le peuple et l’entreprise pour optimiser les profits tout en étant saluées pour un impact social durable. Une telle activité est absolument nécessaire pour que le peuple malawien puisse relever, comme il convient, le large éventail de défis futurs.
Bibliographie
Articles
Mitchell, James Clyde, et al. “Malawi.” Encyclopædia Britannica, Encyclopædia Britannica, Inc., 20 Jan. 2019.
Export.gov: “Malawi – Agricultural Sector.” Export, 11 Apr. 2019, www.export.gov/article?id=Malawi-agricultural-products.
The Guardian: Chamley, Santorri. “Malawi’s Youth Unemployment Crisis.” The Guardian, Guardian News and Media, 10 June 2013, www.theguardian.com/global-development-professionals-network/2013/jun/07/malawi-youth-unemployment.
“Education in Malawi, Africa – General Information.” RIPPLE Africa, www.rippleafrica.org/education-in-malawi-africa/general-education-in-malawi-africa.
Reports
World Bank: “Overview.” World Bank, 12 Apr. 2019, www.worldbank.org/en/country/malawi/overview#1.
“Malawi .” Data, World Bank, 2011, data.worldbank.org/country/malawi.
“GDP per Capita (Current US$).” Data, World Bank, 2018, data.worldbank.org/indicator/NY.GDP.PCAP.CD?locations=ZG&name_desc=false
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