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L’impact de l’environnement économique et réglementaire sur les startups technologiques au Kenya : une étude de la savane silicieuse


Source de la photo : Eric Osiakwan/Google

Introduction

Le Kenya, et plus particulièrement Nairobi, est devenu l’un des pôles technologiques les plus dynamiques d’Afrique, souvent appelé la « Silicon Savannah » (Akamanzi et al., 2016). Cet écosystème florissant est stimulé par une combinaison d’initiatives publiques, d’investissements privés et de l’adoption rapide des technologies numériques. Cependant, malgré leur potentiel important, les startups technologiques évoluent dans un environnement complexe, caractérisé à la fois par des opportunités et des défis économiques et réglementaires. Cet article examine l’influence de ces facteurs sur la croissance et la durabilité des startups technologiques kenyanes.

1.Un environnement économique propice à l’innovation

a) Encourager la croissance économique

Le Kenya a connu une croissance économique soutenue, avec un PIB en hausse et une forte contribution du secteur des services, en particulier de la finance et des technologies numériques. Cette dynamique favorise l’émergence de startups, notamment dans les domaines de la fintech, de l’agritech et du e-commerce.

b) Un marché de consommateurs connecté

Le Kenya bénéficie d’un taux élevé de pénétration de la téléphonie mobile et d’Internet. Avec plus de 60 % de la population connectée, les startups technologiques ont un accès direct à un large marché potentiel, encourageant l’innovation dans les services numériques, en particulier la banque mobile (par exemple, M-Pesa) (Shrum et al., 2011 ; Mbata, 2022).

c) Le rôle de l’investissement et du financement

Les investissements en capital-risque dans les startups kenyanes ont considérablement augmenté ces dernières années. Des fonds locaux et internationaux soutiennent ces jeunes entreprises, même si l’accès au financement reste un défi pour les startups en phase de démarrage.

2.Défis réglementaires et institutionnels 

a) Un cadre réglementaire en évolution

Le gouvernement kenyan a mis en œuvre plusieurs initiatives pour réglementer le secteur de la technologie, notamment la loi sur la protection des données de 2019 et la réglementation des technologies financières (Musamali et al., 2023). Cependant, la bureaucratie et l’instabilité réglementaire peuvent entraver l’innovation en ralentissant l’adaptation des politiques pour répondre aux besoins du secteur.

b) Fiscalité et répercussions fiscales

Les récentes réformes fiscales, notamment la taxation des services numériques, ont suscité des inquiétudes chez les entrepreneurs. Une fiscalité excessive peut décourager les investissements et ralentir la croissance des startups locales, en particulier dans un environnement où les marges sont souvent étroites.

c) Défis liés à l’infrastructure et à l’accès aux marchés

Malgré les progrès réalisés, des défis subsistent, notamment en ce qui concerne l’accès à une électricité stable et à une infrastructure numérique adéquate en dehors des grands centres urbains. De plus, les barrières commerciales régionales limitent encore la capacité des startups kenyanes à se développer dans d’autres pays Marchés africains .

  • Stratégies et perspectives d’avenir

    a) Innovation et adaptation des startups

    Les startups kenyanes développent des modèles d’affaires résilients pour surmonter les défis (Kato, 2024). L’adoption de la technologie blockchain pour sécuriser les transactions financières et l’utilisation croissante de solutions basées sur l’intelligence artificielle illustrent leur adaptabilité (Mramba, 2024).

    b) Participation à la politique publique

    Le gouvernement s’efforce de créer un environnement plus propice, notamment à travers Konza Technopolis, un projet de ville intelligente visant à attirer les investissements technologiques et à favoriser l’innovation locale.

c) Débouchés régionaux et internationaux

L’intégration du Kenya dans la Communauté d’Afrique de l’Est (CAE) et la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) pourrait ouvrir de nouvelles voies aux startups en facilitant l’expansion régionale (Ogbole & Ogochukwu, 2022).

Pour mieux comprendre l’évolution de l’écosystème technologique du Kenya, la figure 1 présente les principaux indicateurs économiques qui stimulent l’innovation et la croissance des startups. Le taux de croissance du PIB du pays de 5,3 % (2023) met en évidence sa résilience économique, tandis qu’un taux de pénétration mobile de 60 % souligne l’adoption généralisée des services numériques. En outre, les investissements en capital-risque dans les startups kenyanes ont atteint 1,2 milliard de dollars, ce qui témoigne de la forte confiance des investisseurs. La fintech reste un secteur crucial, contribuant à 8 % du PIB national.

Conclusion
 Le Kenya offre un terrain fertile pour l’innovation technologique, mais les startups doivent naviguer dans un paysage économique et réglementaire en constante évolution. Une coordination renforcée entre les parties prenantes publiques et privées, combinée à des politiques incitatives, pourrait renforcer la compétitivité de Silicon Savannah et positionner Nairobi comme un leader continental en matière de technologie. Recommandations
 Le Kenya, souvent appelé la « Silicon Savannah », est devenu un centre technologique de premier plan en Afrique, stimulé par l’innovation, l’entrepreneuriat et une économie numérique en pleine croissance. Cependant, malgré les progrès, les startups technologiques au Kenya sont confrontées à des défis importants en raison de facteurs économiques et réglementaires. Cet article examine l’impact de ces facteurs et fournit des recommandations pour favoriser un environnement plus propice aux startups technologiques.

  1. Améliorer les cadres réglementaires pour les entreprises en démarrage Simplifier les processus d’enregistrement et d’octroi de licences aux entreprises afin de réduire la bureaucratie. Mettre en place des politiques fiscales favorables aux entreprises en démarrage, telles que des incitatifs fiscaux et des exemptions pour les entreprises en démarrage. Renforcer la protection de la propriété intellectuelle pour encourager l’innovation et attirer les investisseurs.
  • Améliorer l’accès au financement Développer les fonds de capital-risque soutenus par le gouvernement et les subventions aux startups. Encourager davantage d’investissements du secteur privé en offrant des incitatifs aux investisseurs providentiels et aux investisseurs en capital-risque. Faciliter l’accès au crédit en réduisant les exigences en matière de garanties et en améliorant la littératie financière des entrepreneurs.
  • Renforcer les infrastructures numériques et physiques Investir dans une connectivité Internet abordable et fiable, en particulier dans les zones rurales. Améliorer l’accès aux espaces de coworking et aux pôles d’innovation pour favoriser la collaboration. Améliorez la fiabilité de l’alimentation électrique pour éviter les interruptions des opérations technologiques.
  • Soutenir le développement des talents

    Réformer le système éducatif pour y intégrer davantage de technologie et de formation à l’entrepreneuriat.
    Encourager les partenariats public-privé pour offrir des programmes d’incubation de startups et du mentorat.
    Fournir des incitations pour retenir les professionnels qualifiés au Kenya plutôt que de les perdre à cause de la fuite des cerveaux.

5. Élargissement de l’accès aux marchés et de la compétitivité internationale

Promouvoir des politiques qui facilitent le commerce transfrontalier au sein de la Communauté d’Afrique de l’Est (CAE).
Soutenir les startups locales dans l’obtention de contrats gouvernementaux grâce à des politiques d’approvisionnement préférentielles.
Faciliter les partenariats mondiaux pour aider les startups kenyanes à se développer au-delà du marché national.

Citations and References

Akamanzi, C., Deutscher, P., Guerich, B., Lobelle, A., & Ooko-Ombaka, A. (2016). Silicon Savannah: the Kenya ICT services cluster. Microeconomics of Competitiveness, 7(2), 36-49.

David-West, O., Umukoro, I. O., & Onuoha, R. O. (2018). Platforms in Sub-Saharan Africa: startup models and the role of business incubation. Journal of Intellectual Capital, 19(3), 581-616.

Kalkvik, M. H. (2021). Barriers to innovation faced by Entrepreneurial Support Organisations (ESO’s) in Sub-Saharan Africa. comparative case study of an early-stage VC firm, an incubator and a hub (Master’s thesis, NTNU). 

Kato, A. I. (2024). Building resilience and sustainability in small businesses enterprises through sustainable venture capital investment in sub-Saharan Africa. Cogent Economics & Finance, 12(1), 2399760.

Mbata, P. A. (2022). Effects of Internet Connectivity on Economic Growth in Kenya (Doctoral dissertation, University of Nairobi).

Mramba, N. R. (2024). The potentials of artificial intelligence in improving Africa informal cross border trade. What works, What doesn’t, and What’s next to Africans?. African Journal of Land Policy and Geospatial Sciences, 7(1), 92-112.

Musamali, R., Jugurnath, B., & Maalu, J. (2023). Fintech In Kenya: A Policy and Regulatory Perspective. Journal Of Smart Economic Growth, 8(1), 21-53.

Ogbole, O. K., & Ogochukwu, I. J. (2022). African Continental Free Trade Area and Economic Integration in Africa. Africa’s International Relations in a Globalising World: Perspectives on Nigerian Foreign Policy at Sixty and Beyond, 211(2), 4.

Shrum, W., Mbatia, P. N., Palackal, A., Dzorgbo, D. B. S., Duque, R. B., & Ynalvez, M. A. (2011). Mobile phones and core network growth in Kenya: Strengthening weak ties. Social science research, 40(2), 614-625.

Co-Authors: Evens Clairvil1, Mirian do Nascimiento Mário2, Erica Duarte-Silva3

1Experienced in agronomy with a specialization in vitro plant propagation. Holds a Master’s degree in Tropical Agriculture from the Federal University of Espírito Santo (UFES)/Brazil, and a certificate in Sustainable Development from the University of Liège (UL)/Belgium, focusing on human dimensions and change management in sustainability. Currently pursuing a Ph.D. in Applied Botany at the Federal University of Lavras (UFLA)/Brazil. A YouTube content creator specializing in applied botany.

YouTubewww.youtube.com/@evensclairvil4101

LinkedIn: www.linkedin.com/in/evens-clairvil-3107691b1 

2Agricultural engineer, post-graduate student (Master) in genetics at the Federal University of Lavras (UFLA)/Brazil, employee of the seed production company Jardins da Yoba/Angola.

3PhD in Botany, Professor of Sciences and Biology Education. Professor at Federal University of Espírito Santo, Brazil.

clev

I have experience in Agronomy, with an emphasis on Plant Biotechnology. Master's degree in Tropical Agriculture - UFES (Federal University of Espírito Santo), Brazil, 2021. Certificate in sustainable development (Understanding and managing human dimensions, change projects in sustainable development) - University of Liège (UL), Belgium, 2022. PhD in Applied Botany from the Federal University of Lavras (UFLA), Brazil.

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