Contexte
Généralement, il y a des efforts concertés en vue de la réduction des risques de catastrophes dans les pays en développement où la vulnérabilité des populations, de leurs biens et de leurs moyens de subsistance s’accroît à cause des phénomènes naturels. Le principe international de responsabilités partagées et différentiées considère également les différentes formes desoutiens apportés aux pays en développement par les pays développés. Au sein de la Communauté de développement d’Afrique australe (SADC) dont fait partie le Zimbabwe, il existe une tendance accrue de la vulnérabilité à la sécheresse, aux inondations, aux tempêtes et aux épidémies, entre autres. Ces phénomènes imposent de manière arbitraire un lourd fardeau sur la majorité des populations plus pauvres, en aggravant leur insécurité alimentaire, en exposant bon nombre d’entre elles à la violence sexiste, aux maladies contagieuses, en réduisant leur accès aux services de santé essentiels et en aggravant les conséquences socio-économiques. A ce sujet, la mise en place d’une Unité opérationnelle de gestion de la riposte rapide (RRMU) est d’une importance capitale tout comme la création d’un cadre général d’intervention rapide face aux situations d’urgence émergentes au Zimbabwe.Les provinces ciblées étaient Harare, Masvingo, Bulawayo, Midlands, Manicaland, Matabeleland South et Matabeleland North.
Méthodologie
Afin d’atteindre les objectifs fixés, une approche méthodologique mixte et concomitante a été adoptée dans le cadre du déroulement de l’étude. Les données qualitatives ont été collectées à l’aide de la revue documentaireet d’entrevues approfondies auprès des intervenants clés. Par ailleurs, les données quantitatives ont été collectées grâce à KoBo ToolBox, qui est une application de collecte de données en temps réel. Les méthodes mixtes ont activé la triangulation des données collectées à partir de différentes sources dont les participants issus du consortium (5), les autorités gouvernementales impliquées dans le projet (12) et les bénéficiaires du projet (399). Les données ont été collectées en mode virtuel en alternant les protocoles de réduction des risques de la pandémie du COVID-19 et les mesures de confinement sans compromettre leur qualité.
Conclusion sommaire
La pertinence du Mécanisme zimbabwéen d’intervention rapide face aux catastrophes (ZDRRM) repose sur la réponse aux principaux écarts en intervenant face aux catastrophes localisées qui ont été soit ignorées ou carrément non intégrées dans les mécanismes nationaux de riposte actuels. La ZDRRM s’inscrit intégralement dans le cadre du Plan zimbabwéen d’intervention humanitaire qui se focalise sur la nécessité de couvrir tous les quatre secteurs essentiels, notamment l’éducation, la protection, la sécurité alimentaire, l’eau, l’hygiène et l’assainissement (WASH). En gros, la ZDRRM répond bien aux besoins de la communauté et s’aligne totalement sur le Plan zimbabwéen d’intervention humanitaire et les structures, les compétences et les connaissances actuelles pour répondre aux crises. [1]
Efficacité
A la faveur du projet ZDRRM, les populations sinistrées ont été soutenues en matière de WASH et d’articles non alimentaires (NFIs), de transfert d’argent et de logements, en cas de besoin. Sur la base des conclusions de l’évaluation réalisée par la ZDRRM, la majorité des participants aux enquêtes (94,3% à Bulawayo, 91,8% à Harare, 91% au Manicaland et 100% issus des provinces de Midlands et de Masvingo) ont indiqué qu’ils ont effectivement bénéficié de l’assistance humanitaire quand ils ont été victimes d’une catastrophe naturelle. En collaborant avec les structures actuelles telles que le Comité civile de protection du District (DCPC) et les Comités de réduction des risques de catastrophes (DRRC), au sein desquels les chefs traditionnels jouent un rôle prépondérant à l’échelle communautaire, les efforts d’intervention rapide ont été renforcés particulièrement en termes d’assistance humanitaire ponctuelle, efficace et accessible. Les DCPC ont été dotés d’un outil d’évaluation des besoins qui leur permet d’identifier les situations d’urgence dans le but de pouvoir effectuer assez rapidement une intervention dans les 72 heures qui suivent.
Au Manicaland, les écoles ont été particulièrement affectées par de fortes tempêtes qui ont détruit des bâtiments scolaires et provoqué la suspension des cours. Le projet de la ZDRRM est intervenu efficacement en aménageant des sites d’apprentissage temporaires tels que des tentes et en fournissant du matériel didactique permettant à l’école d’offrir un environnement d’apprentissage sûr. Sur la base du principe de «ne pas causer de préjudice», les activités de la ZDRRM ont formé des communautés sur la prévention de la violence, des abus et de l’exploitation. Lorsqu’il a été demandé aux participants s’ils pensent que l’aide qu’ils avaient reçue, leur avait été apportée de manière juste et équitable, 93,9% à Bulawayo, 82,2% à Harare, 77,4% au Manicaland, 86,9% au Midlands et 89,5% au Masvingo ont répondu par l’affirmation. Cependant, les membres de la communauté associés à l’évaluation finale ont indiqué que la jalousie, la colère et le mécontentement ont animé certains membres de la communauté qui n’ont reçu aucune forme d’aide.
La stratégie de l’action consistait à mettre sur pied un Mécanisme d’intervention rapide au Zimbabwe, susceptible de répondre et renforcer la coordination face aux catastrophes qui surviennent fréquemment. Par conséquent, la coordination était un domaine d’intervention important pour les activités de la ZDRRM à différents niveaux, y compris le consortium, les structures étatiques, d’autres parties prenantes et la communauté. Il existait une coordination et une collaboration efficaces entre les membres du consortium. La coordination de l’expertise stratégique et complémentaire et la présence des membres du consortium dans tout le pays ont abouti à une approche harmonieuse de l’intervention et une vision partagée des meilleurs résultats possibles. Les résultats à mi-parcours montrent que le mécanisme a été bénéfique à 869 enfants (dont 413 filles et 456 garçons) dans les districts de Chipinge et de Buhera à travers l’aménagement des sites d’apprentissage temporaires, la fourniture du matériel didactique et des kits d’entretien aux adolescentes.
En tout, 820 bénéficiaires (dont 166 filles, 196 garçons, 248 femmes et 210 hommes) ont été ciblés à mi-parcours par la distribution des kits de WASH, d’hygiène, de protection et d’abris effectuée à Chipinge et Chiredzi où les biens des ménages ont été affectés par les pluies diluviennes. Le projet de la ZDRRM a également distribué 280 seaux, 160 morceaux de savon et 170 salopettes dans 7 districts de la province de Masvingo. A travers le Bureau provincial et les communautés d’assistance pendant la période de soudure à Bulawayo, le projet a distribué 580 seaux à 2350 personnes parmi lesquels on enregistre 1260 femmes et 1090 hommes.
Les activités de la ZDRRM se servent du système de transfert d’argent polyvalent (MPCT) qui était une modalité de transfert d’argent illimité utilisé pour répondre aux besoins essentiels des personnes victimes de catastrophes. De par sa nature, le MPCT offrait aux personnes victimes un niveau maximal de choix, de flexibilité et de dignité étant donné que ce mécanisme donnait l’opportunité aux personnes victimes de catastrophes, de décider de la nature des besoins essentiels qu’elles veulent satisfaire et comment elles veulent le faire. Dans certaines zones, les populations sinistrées ont effectué des récoltes récemment et disposaient suffisamment de vivres. Ainsi, elles ont utilisé l’argent pour satisfaire d’autres besoins dont un capital de départ et l’achat des matériaux de construction comme le ciment.
Durabilité
Il y a eu des aspects de certaines interventions qui ont contribué à la durabilité. Dans les provinces de Matabeleland et de Manicaland, le projet a aménagé des forages à la suite d’une épidémie de maladies hydriques. Les communautés étaient dévastées par la pénurie d’eau potable, qui provoque de mauvaises conditions hygiéniques, et partant, la propagation des maladies. En plus de la réduction des maladies hydriques, l’aménagement des forages a soutenu des projets agricoles et répondu aux besoins des ménages, tout en offrant une solution à long terme aux défis liés à l’eau, qui survivent au-delà de la durée du projet. A Harare, Bulawayo et Chipinge, le projet a évalué les besoins de la communauté et décidé de pourvoir les forages existants en énergie solaire. La solarisation des forages était un moyen plus durable de garantir la disponibilité » de l’eau dans les zones ciblées. Les connaissances et les compétences acquises durant la réalisation du projet seront utilisées à l’avenir. En outre, le projet a formé les communautés sur la manière de riposter aux catastrophes, dont la déclaration des catastrophes auprès des Unités de protection civile.
Principales leçons apprises
Les principales leçons apprises de l’exécution du projet de la ZDRRM comprennent la coordination et les interventions à temps qui sauvent les vies, la collaboration multi-acteurs, la synergie qui améliore l’impact du projet, le réalisation d’une évaluation des besoins et une cartographie des points critiques permettant au projet de répondre aux besoins des communautés sinistrées de manière plus adéquate.
Conclusion
Grâce au projet de la ZDRRM, la RRMU a traité des écarts, des faiblesses et des limites des interventions d’urgence au Zimbabwe, en veillant à apporter une réponse ponctuelle aux catastrophes qui surviennent rapidement dans un contexte actuel marqué par l’insécurité alimentaire à évolution lente et une crise financière sérieuse.
Recommandations
- Les partenaires de la réponse aux catastrophes doivent adopter un système de réponse en ligne aux catastrophes qui stimule une cartographie des risques à distance et une coordination qui permet la déclaration en ligne des catastrophes, la planification des activités et le suivi des ressources à temps lors des catastrophes afin de mener l’intervention la plus urgente.
- A travers les Comités de protection civile, l’Etat doit faire entretenir constamment le système de drainage tout au long de l’année par les autorités locales tant dans les grandes métropoles que dans d’autres petites villes du pays afin d’éviter des cas d’inondations catastrophiques particulièrement dans les zones résidentielles densément peuplées.
- A travers le Comité de protection civile, l’Etat doit accorder la priorité à l’évaluation permanente des plans de réduction des risques de catastrophes à tous les niveaux.
- Les partenaires de la réponse aux catastrophes doivent fournir des entrepôts dans les districts en vue des interventions ponctuelles face aux catastrophes tout en aidant à prépositionner les stocks en guise de mesure préparatoire et de maintenir ces mécanismes d’intervention actifs.
- Les exécutants du projet doivent s’assurer que des parties prenantes supplémentaires soient associées à la conception du projet et à son implémentation dans le but de veiller à ce que les communautés soient impliquées suivant une approche ascendante et que leurs besoins soient entièrement identifiés et pris en compte.
- Les partenaires du projet sont tenus de former les bénéficiaires afin de lancer des projets qui garantiront à ces derniers, des moyens de subsistance plus résilients lorsqu’ils disposent de fonds pendant les situations d’urgence.
- Les partenaires de la réponse aux catastrophes doivent considérer la fourniture du soutien psycho-social comme une des priorités parmi les réponses initiales apportées durant les situations d’urgence.
- La protection des apprenants est très importante et les acteurs de la réponse aux catastrophes doivent s’assurer qu’ils disposent de stratégies de lutte contre les catastrophes, des plans et procédures d’intervention qui facilitent un processus systématique en vue de la protection des enfants après une catastrophe.
[1] https://www.humanitarianresponse.info/sites/www.humanitarianresponse.info/files/documents/files/zim_2021_hrp_draft.pdf